mercredi 10 avril 2013

Les couleurs des vêtements du moyen-âge



Les étoffes et les couleurs

Au début du moyen âge, on utilise les couleurs neutres dans des draps de laine et de lin.

À la suite des croisades, le luxe de la soie d'orient, les broderies et le coton d'Arabie apparaissent.

D'une manière générale, les couleurs les plus fréquentes sont le bleu, le pourpre, le vert et le rouge.




 

Les couleurs "véritables" et les autres

Mais la vivacité des teintes est le reflet du statut social.

Toutes les couleurs ne se situent pas sur le même plan :
  • On nomme ainsi couleurs "véritables" les teintes franches, lumineuses, saturées et résistantes. 
  • Par opposition aux couleurs peu saturées, ternes, peu résistantes.

Les riches et les puissants portent des couleurs vives obtenues avec des teintures de qualité tandis que les pauvres et les humbles ont des couleurs délavées, grisées à cause des teintures végétales de moindre prix. 
Les couleurs restent les mêmes mais leur qualité non.

Ainsi certaines couleurs sont interdites à  telle catégorie sociale non seulement en raison de leur coloration trop voyante mais aussi à cause du caractère précieux de leurs colorants. 
C’est le cas par exemple des "robes paonacées " (bleu foncé intense), teintées avec un concentré de guède coûteux. 



Pas de mélange de couleurs !

La société Médiévale fait preuve d'une aversion pour les mélanges de couleurs. :

Mêler, brouiller, fusionner, amalgamer sont des opérations jugées infernales car elles enfreignent l’ordre et la nature des choses.On ne mélange pas les couleurs, on juxtapose, on superpose. Le bariolage sur un tissu est la marque de la souillure, marque infamante !


Il y a polychromie  quand les couleurs sont posées sur le même plan, les unes à côté des autres et non empilées. 
Ainsi, porter une chemise blanche, une tunique bleue, une robe rouge et un manteau vert ne constitue pas une tenue bigarrée.

La mode du mi-parti (vêtement de deux couleurs divisé de façon horizontale, verticale ou diagonale) est remarquée chez l'homme au XIVème siècle et se propage par la suite chez la femme 




A chaque classe, ses couleurs.

Chez les paysans, les teintes sont donc généralement assez ternes, particulièrement chez les hommes 

Chez les femmes les couleurs sont plus variées: 

  • La plus courante reste le bleu pour les cottes et les robes, mais on trouve également du rouge, du vert, du "tanné", du noir… 
  • Quant aux chaperons, ils sont souvent rouges, brun sombre, vert, blanc ou "tannés".

Dans les classes nobles, si le bleu est très apprécié, c'est le rouge qui tient la première place dans la hiérarchie des couleurs.

La matière première permettant d'obtenir les teintes les plus écarlates étant extrêmement chère, elle est réservée aux étoffes de la plus haute qualité.
Les soieries de teinte noire sont quant à elles réservées aux costumes princiers 



Des couleurs qui connotent !

Certaines catégories sociales sont identifiables par les couleurs de leurs vêtements,
qui leurs sont imposées par des règlements et des statuts sous formes :


  • blanc et noir : seuls ou en association désignent les misérables et les infirmes (lépreux…)
  • rouge : les bourreaux et les prostituées
  • jaune : les faussaires, les hérétiques et les Juifs. 
  • rouge/vert/jaune : combinaison trichrome la plus voyante qui exprime la polychromie
  • vert seul ou jaune et vert : musiciens, jongleurs, bouffons, fous.

Les jongleur et musiciens portent des vêtements "bariolés" de couleurs rouge, jaune et verte qui les assimilent à la catégorie des réprouvés et des exclus, par distinction avec les gens "honnêtes". 
Les rayures de leurs habits sont associées à l'idée de désordre et de transgression.






Grandeur et décadence de quelques couleurs

Le rouge

Au XIIème siècle c’est la couleur prestigieuse, celle des riches, des puissants.

Le rouge est obtenu de diverses manières.
Mais il y a le bon (écarlate) et le mauvais rouge. 
Le mauvais rouge est symboliquement l'opposé du blanc divin: c’est la couleur du diable et de l’enfer.


Le bleu

Avant le XIIème siècle, le bleu est peu valorisé, et compte moins que les 3 couleurs autour desquelles s’organisent tous les codes de la vie sociale (le blanc, le noir et le rouge).

Puis il y a une forte promotion du bleu dans la deuxième moitié du XIIème siècle, entre autre avec l’adoption de l’azur pour les couleurs royales françaises par Saint Louis.

Vers 1170-1180, on commence à se vêtir de bleu dans les milieux aristocratiques. Les progrès des techniques tinctoriales à la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème siècle permettent la fabrication d’un bleu clair et lumineux. 

Le bleu devient même la plus belle des couleurs et il prend dans ce rôle la place du rouge (qui commence à reculer).

 

Le vert

Il est plus difficile à fabriquer et à fixer que le blanc et le noir.

Sur les étoffes et les vêtements les verts peuvent être clairs ou foncés, mais sont délavés, grisés peu résistants à la lumière et aux lessives.

Le vert est longtemps réservé aux vêtements de travail sur lesquels il a un aspect grisé.
La couleur verte, difficile à obtenir, symbolise l’instabilité, l’éphémère, la jeunesse, l’espérance mais aussi le désespoir.

La symbolique de cette couleur est liée aux associations et au contexte. Associé au jaune, il devient la couleur de la folie ou de la mélancolie.


Esméralda l'égyptienne 

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